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Je ne suis pas UNE homme comme les autres !
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27 mai 2012

Lou Andreas-Salomé et "ses" hommes

 

Lou_Rainer

 

 

 

 

 

Lou Andreas-Salomé et Rainer Maria Rilke

 

Salomeandreas

 

 

 

 

 

 

 

 

Lou Andreas-Salomé et son mari Friedrich Carl Andreas

 

 

 

Je l’avoue, je n’ai rien lu de Nietzsche.

Mais je connais bien l’œuvre  de Khalil Gibran et particulièrement « le Prophète » ;  c’est mon livre de chevet. Il me suit depuis des années et partout. J’ai donné mon ancien exemplaire à un ami. Pendant des mois, je me suis sentie perdue sans mon livre. J’ai fini par m’en acheter un nouvel exemplaire. J’essaie de m’y attacher…il n’est pas encore assez vieux (sa couverture n’est pas encore tachée, ses pages n’ont pas jaunis et ne se sont pas écornées…).

Quand j’ai demandé à ma mère (qui a fait des études de philosophie) si ce texte pouvait être comparé à l’œuvre de Nietzsche  « Ainsi parlait Zarathoustra », elle a répondu:

« Nietzsche et Gibran étaient tous les deux des poètes philosophes, mais contrairement à Gibran, Nietzsche  était un macho. »

J’étais perplexe. Nietzsche un macho ?

Elle affirma, sûre d’elle (elle qui d’habitude est  sûre de peu de choses, comme tous les vrais philosophe) : « Oui. Un macho. »

 

Voilà que cet après-midi, je tombe sur une citation de Nietzsche:

« Si une femme possède des caractéristiques masculines il faut la fuir. Mais si elle en est dépourvue, cette fois, c’est elle qui doit se fuir ».

 

J’ai envie de lui répondre : « parle pour toi ! ».

Comment dois-je comprendre ces mots ?

Pour ne pas nous fuir, nous recommande-t-il de développer « nos » caractéristiques masculines ?  Cependant,  n’étant alors plus « fréquentables », serions-nous  alors  vouées à nous aimer seulement les unes les autres.

Ridicule !

 

Ma mère aurait-elle (encore) raison ?

Voilà en effet, qui me donne moins envie de lire « Ainsi parlait Zarathoustra ».

Mais je ne m’attardais pas trop sur Nietzsche ; je pensais à Lou Andreas-Salomé.

Cette femme était en quelque sorte à l’origine de cette œuvre.

En effet, Nietzsche rencontra Lou Salomé alors qu’il avait 38 ans (elle n’en avait que 21) par l’intermédiaire de son ami Paul Rée. Il tomba immédiatement sous le charme de la jeune femme.  Celle-ci,  animée d’un farouche esprit d’indépendance, affirma clairement dès le départ,  son « besoin tout à fait effréné de liberté ». Cependant, elle présenta aux deux hommes un projet de vie commune, vouée totalement aux travaux intellectuels. Quelques mois plus tard, Nietzsche  ne pouvant accepter  l’idée que sa relation avec Lou reste seulement amicale et intellectuelle,  du se résoudre à quitter Lou et son ami Paul, faisant échouer le projet de vie commune à trois.

Il sombra dans une profonde dépression dont il ne pu difficilement se dépêtrer qu’en commençant  à écrire « Ainsi  parlait Zarathoustra ».

C’est ce qui me fait dire que Lou Andréas est en quelque sorte à l’origine de cette œuvre.

 

Nietzsche_paul-ree_lou-von-salome188

 

 

 

 

 

 

 

 

Lou Salomé, Paul Rée, et Friedrich Nietzsche

 

 

 

Cependant, un autre immense poète était lié à Lou Salomé : Rainer Maria Rilke.

Ils se rencontrèrent alors qu’elle avait 36 ans et qu’il en avait seulement 22.  Lou était alors déjà marié depuis 10 ans à  l’orientaliste Friedrich Carl Andreas. Ce fut une rencontre déterminante, autant pour Rainer que pour Lou. Leur relation amoureuse (il semble qu’il ait été son premier amant) dura trois ans (au cours desquels ils firent plusieurs voyages en Russie), puis se transforma progressivement en une amitié profonde et une admiration mutuelle qui dura toute leur vie.

On dit de Lou qu’elle était la muse de Rilke.

En fait, elle était plus que cela ; elle était la référence absolue : l’amante, la femme, l’amie, la sœur, la mère.

Il est en effet, surprenant de voir l’influence (oh ! combien positive) qu’elle avait sur lui.

A la lecture de leur correspondance, il semble qu’elle le calmait, qu’il voyait, qu’il respirait à travers elle.

Dans son recueil, lettres à un jeune poète, la lettre du 14 mai 1904 montre, s’il le faut, a quel point sa rencontre et son amitié pour Lou fut déterminante sur son œuvre (il écrivit dans cette lettre, ce qui est à mon avis l’un des plus beaux manifestes pour la femme : pour sa liberté, son intégrité totale, son droit à une existence pleine et souveraine. Bien plus qu’un plaidoyer pour les femmes, c’est un plaidoyer pour « l’être humain féminin »).

 

Il est en effet, surprenant de voir comment cette femme (Lou Andréas-Salomé) a influé l’œuvre  d’hommes aussi différents.

Nietzsche et Rilke étaient tous deux des hommes « torturés ».  Elle a précipité le premier dans la dépression et il semble qu’elle ait « délivré »  le second.

Tous deux produisirent une œuvre littéraire  remarquable, où son empreinte n’a plus besoin d’être démontrée.

Mais à titre strictement personnel (et en dehors de l’œuvre  littéraire), celui qui a pu tirer "bénéfice" de cette rencontre est  celui qui a su respecter la liberté de cette femme et sa nature farouchement indépendante. Celui qui a trouvé la force de ne pas fusionner et d’accepter que l’amour consiste « en deux solitudes qui se protègent, se bornent et se rendent hommage ».

 

 

 

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